• millésime 2016 : des hauts et des bas en cours de saison, un grand bonheur pour finir.

    Une saison qui restera dans les annales !
    Vendanges
    Vinification et élevage
    Les vins : caractère et vieillissement
    Le millésime 5 ans après (mai 2023)
    Notes de dégustation (mai 2023)
    Marquée dès le mois d'avril par un gel d'une ampleur inédite, Il faut faire appel aux « vieux » pour trouver semblable phénomène : en 1945 peut-être ... l'année commençait donc de manière dramatique. D'autant que la repousse ne laissa pas apparaître de récolte supplémentaire ; même sur les vignes apparemment indemnes, les raisins semblaient avoir souffert.

    Au cours d'un mois de mai particulièrement arrosé, le mildiou fit des ravages. Certaines vignes semblaient "prendre feu", avec des symptômes apparaissant en 48 heures et touchant cette fois, à la différence des années précédentes, principalement les grapes. Le vigneron fut soumis à une pression maximum et se demanda même au mois de juin s'il allait pouvoir contenir encore longtemps la pression des maladies : l'oïdium lui aussi, commençait à pointer le bout de son nez ... qui sait ce qui nous attendait ?

    Et puis un miracle : la pluie cessa presque totalement, juillet fut très beau, août aussi ... Au début, on prit cela comme un répit salutaire, une pause permettant d'éviter un désastre, reposant hommes et matériels. Mais au fur et à mesure qu'un été chaud et sec s'installait, on se posa des questions d'un autre ordre : comment protéger les raisins de la brûlure, est-ce que les vignes ne se trouvaient pas en situation de blocage par manque d'eau, les vendanges seraient elles aussi tardives qu'on le pensait au début ? Lentement, le moral s'améliorait et on se prenait à espérer un millésime d'un autre type, plus chaud.

    La période sèche ne se débloqua que tardivement, fin août, sans que le temps ne change fondamentalement : les températures restèrent chaudes, le temps calme, les précipitations isolées mais parfois abondantes. On les avait désirées et effectivement, les pluies permirent à la maturation de s'accélérer. Mais les raisins grossirent aussi (30 mm d'eau en quelques jours, cela ne pouvait pas être neutre), cela aurait pu être dangereux si un temps maussade s'était installé durablement. Fort heureusement, il n'en fut rien, le beau temps revint et la récolte put se concentrer de nouveau.

    Finalement, les vendanges commencèrent le 26 septembre, dans des conditions idéales de beau temps. Les vendangeurs ramassèrent des raisins très sains pour la plupart. Il y eut quelques épisodes menaçants mais finalement, pas de précipitations significatives et la récolte fut sereine, si tant est que l'on peut employer ce qualificatif pour une vendange ... En tout cas, quel contraste par rapport au début de l'année ! C'est comme si la nature voulait se faire pardonner ... Malgré tout, la récolte des vignes gelées fut éprouvante : le peu qu'il y avait à ramasser était difficile à trouver dans ce feuillage qui avait repoussé en buisson. Beaucoup d'efforts pour pas grand chose.

    Pour ce qui est des quantités, c'est très contrasté. 

    Manifestement, nous avions affaire à une année dont le potentiel de récolte avant gel était important. Les vignes de Vosne Romanée, largement épargnées, nous ont surpris par des quantités plutôt élevées. Dans les vignes gelées en revanche, pas de miracle, même si la récolte est là aussi plus importante que prévu. Les rendements décroissent au fur et à mesure que l'on va vers Nuits St Georges. Le Clos Vougeot, avec 50% de bourgeons gelés, finit à 75% d'une école normale ; les Chambolle 1er cru, gelés à 80% font tout de même presqu'un tiers d'une récolte normale mais Marsannay n'atteint pas ce chiffre. A Corton, la récolte est insignifiante à la Vigne au Saint mais belle aux Perrières et au Clos Rognet, situés tous les deux au dessus de la ligne de gel.


    On constate de belles maturités, se traduisant par des vins souvent au dessus de 13,5°.

    Les fermentations malo-lactiques se sont bien passées, tranquillement, et ont permis d'effacer le côté légèrement mordant ressenti après les vinifications. Le millésime n'en est pas devenu mou pour autant et les acidités sont très convenables, les pH tournant fréquemment autour de 3,5, ce qui représente un bel équilibre.


    La belle surprise, c'est la profondeur acquise par ces vins au cours de leur premier été et deuxième automne ... Au delà d'un charme certain, qui se manifeste par une texture caressante et très douce, on détecte également une belle structure. Beaucoup de cuvées ont une jolie longueur, avec une finale épicée, voire minérale, que l'on ne s'attendait pas à trouver dans un millésime si mûr. Ce sont des vins qui font assaut d'amabilités et monteant un côté joyeux, presque fringant, qui efface toute lourdeur.
    Même si 2016 n'atteint pas la concentration de 2015, on n'en est pas loin ... Qui eût cru que cela se terminerait si bien quand nous étions quasiment au fond du trou au mois de juin ?
    Aujourd'hui, on peut hasarder un parallèle avec 2006 : Ce dernier est un peu dans l'ombre de 2005 mais c'était un millésime mûr, récolté fin septembre également et qui ne s'est jamais vraiment fermé. Puisse 2016 connaître le même sort !



    Ce millésime mûr déjoue les pronostics. La profondeur et la texture relevées à la sortie de ce millésime sont toujours là. La maturité aussi ; ce qui n'a pas été assez souligné, même si nous parlions « d'un charme certain », c'est la séduction que ces vins peuvent exercer. 

    Mûrs bien sûr, mais pas lourds ; racés mais pas sévères ; jolis et avenants mais aussi longs et complexes. Ils possèdent un relief, une lueur, qui leur donnent ce côté gourmand, presque enchanteur, qui est étonnant pour un millésime si mûr. Sans doute est-ce dû à la qualité des acides, certes pas en quantités très importante mais qui aboutissent à un pH assez bas pour une année ensoleillée comme celle-là.


    On ne peut qu'être optimiste pour l'avenir de ces vins. Certes, ils ont un peu perdu de l'éclat de la jeunesse et certains sont entrés en période de transition : moins d'éclat de fruits, un peu moins de fraîcheur mais pas encore tout à fait la complexité et l'intégration que l'on attend d'un vin à maturité. En revanche, ils ne sont pas vraiment fermés. Une bonne aération doit permettre de ne pas regretter de les avoir ouverts même si beaucoup paraissent pouvoir se développer encore.





    CHAMBOLLE MUSIGNY
    Un nez exprimant d'abord des notes de réduction (terrine, gibier) mais qui s'ouvre bien vite sur des fruits noirs mûrs, avec une touche de groseille également. Des composés épicés et mentholés et un bois bien intégré complètent le tout.
    L'attaque en bouche est vive et franche. Tout de suite après, des tanins assez serrés se signalent et lancent une finale qui ne manque pas d'élégance même si elle reste un peu austère.
    Un vin encore en transition, à laisser de côté pour l'instant même si un carafage lui ferait sûrement beaucoup de bien.

    VOSNE ROMANÉE
    Nez assez ouvert mais restant discret et porté sur les fruits rouges légèrement compotés.
    La bouche est agréable, ronde, fondue et gourmande. Une touche acide lui donne du relief et de la droiture, jusqu'à une finale légèrement serrée mais vive.
    Le tout est très fin et accessible, harmonieux, moins « costaud » que le Chambolle et plutôt prêt à boire.


     VOSNE ROMANÉE 1ER CRU LES CHAUMES
    Beau nez ouvert de fruits très mûrs tels que la figue. Mais des notes mentholées, épicées, de tabac blond et un boisé bien intégré lui confère complexité et intensité.
    La bouche débute par une attaque très fine, bien dans le style du terroir ; elle va en s'élargissant et révèle une finale acidulée et longue, ne manquant pas de fermeté. Le bois est encore bien présent et demande à se fondre.
    Un vin jeune, dynamique, séduisant et sympathique mais encore en construction et qui bénéficiera d'un vieillissement additionnel.


    NUITS ST GEORGES 1ER CRU
    Un nez généreux et même intense, où après une touche de réduction, de beaux arômes de fruits noirs mûrs se dévoilent. Le boisé est assez présent à travers des notes de grillé-fumé.
    La bouche est ample, enveloppante, très agréable. Les tanins sont caressants, la finale juteuse.
    Le tout compose un vin gourmand, accessible, que l'on peut encore boire sur la jeunesse. Bel avenir en perspective, un vieillissement supplémentaire permettra d'intégrer le bois un peu présent pour certains palais.


    NUITS ST GEORGES 1ER CRU AUX MURGERS
    Un nez tout en subtilité, des arômes qu'il faut parfois aller débusquer mais qui finissent par composer un bouquet riche de fruits noirs, de touches de menthol, d'anis, de vanille ... Une légère évolution rajoute de la complexité.
    Très caressant en bouche, un vrai velours ! De la vivacité, des tanins subtils et fondus composent un vin structuré sans en avoir l'air. Très belle longueur en finale, avec de l'énergie.
    De la finesse du début à la fin pour ce vin qui, bien que délicieux dès maintenant, n'a pas encore révélé tout son potentiel. Il a de la puissance en réserve et fera une superbe bouteille dans 10 ans.

    NUITS ST GEORGES 1ER CRU AUX BOUDOTS
    Le nez est très ouvert et intense : des fruits noirs et rouges, un joli boisé vanillé, des arômes de viennoiserie ... C'est déjà très gourmand ! D'autant qu'à l'aération, il s'ouvre et gagne en expression.
    En bouche, une très belle texture au départ, beaucoup de volume, puis le vin continue dans un registre généreux, racé, frais jusque'à une finale intégrée, sur de beaux tanins jeunes et distingués.
    L'ensemble est très séduisant, bien sûr ce vin a tout pour bien vieillir mais on se demande comment il pourrait faire mieux ? Il a déjà beaucoup d'harmonie et montre une certaine magie, le terroir qui fait sa démonstration sans doute ...


    CORTON PERRIÈRES
    Un nez ouvert, quoique dans la subtilité, qui offre des arômes de fruits rouges (groseille, cerise à l'eau de vie) confiturés, des arômes d'épice, de menthol et un boisé intégré.
    En bouche, une certaine retenue de prime abord ; plus de volume et de profondeur à mesure que la dégustation progresse, pour finir sur des tanins affutés mais savoureux. Aussi, une belle impression de fraîcheur.
    Globalement, un vin équilibré, plutôt séduisant, avec de la minéralité et une belle longueur en bouche. Nous pensons qu'il va continuer sur cette lancée dans les années qui viennent.

    CORTON CLOS ROGNET
    Un nez ouvert mais avec de la réduction qui s'exprime par un côté animal. Puis il s'ouvre sur des arômes de fruits rouges et noirs, des fleurs et des touches épicées/boisées.
    La bouche est très ample, concentrée, riche. Elle réussit à ne pas être imposante tout en gagnant encore en texture en cours de dégustation ! La finale est sur le fruit et permet de finir sur une sensation savoureuse.
    Très beau vin généreux, qui a tout pour lui. Et pourtant, il gagnera encore au vieillissement, qui devrait permettre d'ouvrir l'aromatique.

    CLOS VOUGEOT
    Dès le départ, de très beaux arômes de fruits rouges frais ; une légère note végétale, quelques notes sucrées composent un ensemble joli, séduisant, gourmand !
    La bouche est volumineuse tout en étant très fine, on y trouve une belle énergie et des tanins tout en dentelle qui amènent une finale gourmande et longue.
    C'est vraiment un vin charmant, déjà très en place, qui excite les sens ! À boire avant qu'il ne se referme ?

    VOSNE ROMANÉE 1ER CRU AUX BRULÉES
    En première impression, des fruits noirs ; puis des touches épicées, poivrées, une sensation de sucrosité signalant un boisé bien intégré. Cependant, une certaine retenue générale.
    En revanche, très gourmand et généreux en bouche. Quel beau vin majestueux ! On croque les fruits dans une texture enveloppante et des tanins caressants, à la grande longueur.
    C'est un vin mûr, charnu et profond, tout en majesté, qui se goûte très bien aujourd'hui mais pourrait attendre : la récompense en serait plus de subtilité et peut-être de vivacité.