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De louis xiii (1630)
à charles de gaulleDe vignerons à ingénieurs
La famille Méo est originaire du village bourguignon de Selongey, au nord de la Côte d'Or. Même si aujourd'hui, les vignes ont disparu, elles recouvraient en 1881 près de 300 hectare et les ancêtres de la famille, aussi loin que l'on puisse remonter (début 17ème) sont tous vignerons et tonneliers..
A partir du milieu du 19ème siècle, les enfants MEO choisirent la voie du service public. Ainsi, l'arrière-grand-père de Jean-Nicolas fut instituteur, son grand père ingénieur des ponts et chaussées et son père Jean MEO, ingénieur au corps des mines. Jean sera plus tard élu membre du Parlement Européen et siégera au Conseil de Paris.
C'est par la mère de Jean Méo, Marcelle Lamarche-Confuron, issue d'une ancienne famille vigneronne de Vosne (avec déjà une petite activité de négoce) que les Méo vont s'implanter à Vosne-Romanée.
La grand-mère de Jean Méo est la cousine germaine d'Etienne CAMUZET, personnage haut en couleurs.
Viticulteur à Vosne-Romanée, Etienne CAMUZET (1867-1946) est maire du village et député de la Côte d'Or de 1902 à 1932. Il est très actif dans le soutien à la viticulture et joue même un rôle décisif puisque c'est lui qui fera ratifier par la Chambre des Députés l'amendement permettant la création des Appellations d'Origine en 1919.
En 1920, il a l'occasion d'acheter le château du Clos de Vougeot. Quant aux vignes, ce sont les 20 ha supérieurs du Clos qui sont à vendre ... Etienne Camuzet sollicite ses collègues vignerons de Vosne-Romanée pour les acquérir. Lui-même en conservera 3ha, au pied du château. mais il n'y habite pas, préférant y loger ses métayers (avec ses activités politiques, il n'a en effet plus le temps d'exploiter lui-même ses vignes).
Il le revendra en novembre 1944 : le château a en effet souffert de la guerre. Il avait (déjà !) compris l'intérêt pour la Bourgogne d'avoir un temple du vin pour aider à sa promotion. Etienne Camuzet a donc choisi alors de le transmettre à la Confrérie des Chevaliers du Tastevin.
A la mort d'Etienne (1946), Maria Noirot-Camuzet, sa fille, hérite du domaine de son père et garde les métayers. Mais elle n'a pas d'enfants et à sa mort en 1959, elle lègue le domaine à son neveu Jean Méo, qui à l'époque travaille au cabinet du Général de Gaulle.
Ayant régulièrement côtoyé son oncle Etienne et ayant vécu une partie de son enfance à Vosne Romanée, profondément attaché à son village, il décide dès lors de continuer l'histoire du domaine, avec l'aide précieuse de son père Gaston dans un premier temps, puis de sa mère. Les métayers recrutés par la famille Camuzet sont confirmés dans leurs baux.
Jean Méo peut alors rester avec le General de Gaulle et poursuivre sa carrière parisienne qui le conduira à diriger successivement de grandes entreprises : ELF, France Soir, L'agence Havas, l'Institut Français du Pétrole ... Il est également élu à l'Assemblée Européenne et siége au conseil de Paris.
Pendant toute cette période, il s'appuie sur quatre métayers : Jean et Jacques Faurois, Jean Tardy et le grand vigneron Henri Jayer. Celui-ci fut un des premiers à vinifier en recourant systématiquement à la maîtrise des températures, mettant en avant la fraîcheur et le fruit, et agrémentant ainsi le nez et la texture du vin. Jean Méo gérera le domaine de 1959 à 1984, date à partir de laquelle il fait appel à la nouvelle génération.
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LES NOUVELLES GÉNÉRATIONS
Jean Méo et sa femme Nicole ont eu 3 enfants : Isabelle, Angeline et Jean-Nicolas.
En 1984, Jean Méo propose à son fils de reprendre les rênes du Domaine. Jean-Nicolas, à tout juste 20 ans, étudiant à l'ESCP, n'est pas préparé à devenir vigneron.
Mais les nombreux séjours passés à Vosne Romanée auprès de ses grands-parents produisent leurs effets : il accepte de tenter l'expérience, termine d'abord ses études en France (non sans un détour à l'Université de Bourgogne pour étudier l'oenologie) et part un an aux USA étudier à l'université de Pennsylvanie pour revenir s'installer à Vosne-Romanée à partir de 1989.
Pour s'imprégner du domaine, de la vigne, de la vinification il a comme mentors Henri Jayer qui, partant en retraite, accepte néanmoins de partager son savoir-faire et son art de la vinification et Christian Faurois, fils et neveu d'autres métayers historiques du domaine, qui lui apprend la vigne et lui transmet sa passion du terrain.
Rapidement, Jean-Nicolas, avec la confiance de son père qui le laisse gérer le domaine, profitant du vent de renouveau qui commence à souffler sur la région et auquel il participe, s'approprie le style Henri Jayer, tente de nouvelles expériences à la vigne et en cave et réussit à créer sa méthode bien à lui, qu'il ne cesse de raffiner depuis.
Il se marie en 1993. Courageusement, sa femme Nathalie laisse derrière elle une carrière prometteuse chez LVMH et vient faire avec lui l'expérience des hivers bourguignons. Ils ont 3 enfants, Adrien, Tristan et Séverin.
Depuis quelques années, Nathalie épaule Jean-Nicolas et permet notamment au domaine de rayonner au-delà de ses vins.Depuis 2008, les métayers sont tous partis en retraite et Jean-Nicolas cultive la totalité des vignes du domaine. Son problème essentiel est de gérer l'offre insuffisante face à une demande croissante.
Il est très difficile de s'agrandir en Bourgogne, les terres sont rares et très chères, alors il décide de créer une société de négoce au début des années 2000. Celle-ci ne doit pas faire concurrence au domaine, elle aura donc le même actionnariat familial et portera le nom de « Méo-Camuzet frère et soeurs ». Et la gamme sera orientée vers des vins plus accessibles, le domaine étant bien pourvu en climats prestigieux.
Le principe est d'acheter des raisins, pour s'assurer dès la vendange une unité de méthodes, et donc de style, avec les vins du domaine. Et également de privilégier les relations de longue durée avec les fournisseurs pour pouvoir acquérir l'expérience de chaque climat.C'est pour Jean-Nicolas une première occasion de sortir de ses terres et de s'adapter à de nouveaux terroirs. Une autre opportunité allait bientôt surgir et lui permettre de gagner le grand large : l'Oregon.
Jay Boberg, un vieil ami rencontré lors de son année américaine, lui propose de l'épauler dans son projet de création d'un domaine viticole dans la Willamette Valley, en passe de devenir l'autre temple du pinot noir mondial. C'est ainsi que depuis 2014, JN découvre que le pinot peut donner son meilleur dans des conditions différentes de celles de la Bourgogne. Non sans difficultés d'adaptation (mais c'est le principe) et petites misères liées à la création d'une entreprise ex-nihilo ... Cette fois-ci, c'est un projet plus personnel, toutefois soutenu par le domaine, qui y a une participation.Nicolas Jay, c'est le nom de la « winery », est un domaine qui compte aujourd'hui dans la région et qui fourmille de projets. L'aventure continue !
Pas de succès durable sans équipe solide. Christian Faurois, qui a tant oeuvré pour le domaine, est parti en retraite en 2018. L'équipe qu'il a montée est toujours là et se renouvelle doucement, au gré des départs « naturels ». Damien Hudelot, qui a pris la place de Christian, a le même profil, c'est un fils de la vigne. Mais il est de Chambolle, alors que Christian est de Vosne, donc cela nourrit forcément des débats ...
Et la génération suivante monte en puissance : 3 fils Méo, cela ne s'était pas vu depuis bien longtemps ... Adrien a choisi le service public, Tristan a déjà quelques vendanges à son actif et Séverin s'apprête à devenir ingénieur. La saga continue ...
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Les climats